Musulin « ignore où sont les 2,5 millions d'euros »

albatross Mar 11 Mai - 17:42

Devant les juges, à Lyon, hier, l'ex-convoyeur de fonds a maintenu qu'il n'a pas caché l'argent restant du vol spectaculaire commis en novembre 2009. Le tribunal l'a condamné à trois ans de prison ferme.
Carrure massive, visage las, barbe poivre et sel, Toni Musulin, 39 ans, se défend d'être un nouveau « Robin des bois. Les journalistes, ils se masturbent l'esprit en disant n'importe quoi ! » Rires au tribunal correctionnel de Lyon, dans une salle bondée où la presse s'est déplacée en nombre. « Non, moi, j'ai juste eu un problème avec mon patron. »

Le plus célèbre convoyeur de fonds de France en veut à la société suédoise Loomis qui l'a embauché en 2000. Les griefs, il en a plein la bouche : erreurs sur la fiche de paye, horaires difficiles, refus de lui accorder des congés d'été, etc. « Ils ne sont pas corrects. Alors, au bout d'un moment, on se révolte. J'ai dérapé... », explique l'ex-salarié que l'avocate de Loomis dépeint comme « discret, ponctuel et correctement noté ».

« Je n'avais plus trop d'argent »

En avril 2009, il loue un box, puis, en octobre, un véhicule qu'il utilisera pour transporter le butin. Le 5 novembre, il passe à l'action. Tandis que ses deux collègues font une halte pour remplir des papiers administratifs, il vole le fourgon et s'enfuit. Il explique comment il a déchargé sa précieuse cargaison : « Les sacs de billets, je les faisais tomber, ils glissaient. Je n'ai pas pu tous les emporter. C'était la galère, j'arrêtais pas de faire tomber mon arme. » Rires étouffés dans la salle d'audience.

Le 7 novembre, la police judiciaire investit le box. À l'intérieur, 9,1 millions d'euros. Il manque 2,5 millions. Hasard ? Ce sont des sacs à grosses coupures qui sont introuvables. « Je n'ai pas pris cet argent », jure Musulin. Il suggère que « d'autres » ont récupéré les sacs dans le fourgon ou dans le box... Après onze jours de cavale « à moto et en train en Italie », il s'est rendu à la police de Monaco : « Je n'avais pas le choix, je n'avais plus trop d'argent. »

Ce vol spectaculaire serait le fait d'un employé excédé. Ses ex-collègues ont incriminé Loomis : « La rentabilité était privilégiée au détriment de la sécurité ». Musulin assène : « Le fonctionnement ? Du grand n'importe quoi. » L'enquête a révélé des dysfonctionnements : le fourgon n'aurait jamais dû transporter une telle somme et il aurait dû revenir directement à la caisse centrale. Musulin n'aurait pas dû être en possession des clés du fourgon.

Poursuivi pour vol, le convoyeur de fonds l'est aussi pour une tentative d'escroquerie à l'assurance, au printemps 2009. Il avait déclaré que sa Ferrari, achetée plus de 110 000 € sur Internet, lui avait été volée, avec violence, en Savoie. L'accusation le soupçonne de s'être débarrassé du bolide en Serbie, d'où il est originaire. Ce qu'il réfute.

Le parquet a réclamé cinq ans de prison. Le tribunal a rendu son verdict hier soir : trois ans de prison ferme.

Pour un mec qui était mal payé, c'est pas mal comme véhicule.

Bon pas sûr que le butin puisse tenir dedans.